Deux mensonges et une vérité (de Sébastien Blanc, Nicolas Poiret / mes Jean-Luc Moreau / avec Lionnel Astier, Raphaëline Goupilleau, Frédéric Bouraly, …)

Deux mensonges et une vérité
De Sébastien Blanc, Nicolas Poiret
Mis en scène par Jean-Luc Moreau assisté par Anne Poirier-Busson
Avec Lionnel Astier, Raphaëline Goupilleau, Frédéric Bouraly, Julien Kirsche, Esther Moreau, Philippe Maymat

Décors par Stéfanie Jarre assistée par Daphné Roulot
Accessoires par Nils Zachariasen
Lumières par Jacques Rouveyrollis assisté par Jessica Duclos
Musiques par Sylvain Meyniac
Costumes par Juliette Chanaud

Théâtre L’Octogone, Pully, Suisse
Produit par Théâtre Rive Gauche (producteur), Atelier Théâtre Actuel (producteur, tourneur), L’Octogone (organisateur)
Représentation du vendredi 1er février 2019 à 20h30
Placé en (catégorie unique, rang K, place 21)
Payé 27.00 CHF (tarif moins de 25 ans)

Mon organisation minutieuse d’agenda de concerts et de théâtre a parfois quelques ratés, et c’est pour cette raison que je me suis retrouvé sans place et devant une billetterie affichant complet pour “Deux mensonges et une vérité” à Pully… Un peu triste de manquer l’occasion de découvrir Lionnel Astier sur les planches dans une pièce affichant de bonnes critiques, j’ai finalement eu la chance de voir une place libre remise en vente sur la billetterie en ligne !

Me voilà donc devant la scène de l’Octogone, sur laquelle se trouve un décor ultra minimaliste dont la pièce maîtresse est un cube pivotant, avec chaque face peinte de motifs stylisés plutôt ratés. Coup de folie, le cube est équipé de cloisons pouvant s’ouvrir — ça a dû tripler le budget ! Le tout est accompagné de quelques autres cubes servant de tables et chaises. Ce n’est vraiment pas très joli, ça donne l’impression d’assister à un spectacle scolaire de fin d’année et c’est d’autant plus surprenant pour une production venant du Théâtre Rive Gauche à la scénographie signée Stéfanie Jarre !

La pièce s’ouvre sur Raphaëline Goupilleau (Catherine) et Lionnel Astier (Philippe) célébrant en tête à tête leur 27e anniversaire de mariage, autrement dit leurs noces d’acajou. Madame offre donc une boîte à cigares en acajou à monsieur, tandis qu’il lui tend son poids en… noix de cajou. Ca paraît très con dit comme ça, mais cette première scène est vraiment bien écrite et les acteurs très bons.

Les deux personnages principaux fêtent leur anniversaire de mariage, alors que tous les cubes du décor sont recouverts de petits cœurs…
[photo de Fabienne Rappeneau]

Vient alors le nœud de l’intrigue… Le mari, avocat, est persuadé qu’après 27 ans de mariage, chacun connaît tout de sa moitié, que le couple a atteint l’état de grâce où plus rien de ce que fait l’un ne peut surprendre l’autre. Lui qui ne reconnaîtrait pour rien au monde qu’il a tort propose, pour prouver son opinion qu’elle n’apprécie guère, un jeu. Les règles : il énonce trois phrases sur sa vie parmi lesquelles deux mensonges et une vérité, à elle de retrouver celle qui est vraie.

Elle réussit brillamment l’absurde exercice et, après un peu d’hésitation, revêt le rôle inverse. Ses trois propositions : “j’ai eu un enfant avec un autre”, “mon prénom et mon nom de jeune fille sont faux” ou “j’ai fait de la prison”. La soirée qui avait si bien commencé prend une teinte différente…

Nous voilà donc suivant les pérégrinations de Philippe, prêt à tout pour savoir ce que lui cache sa femme et prouver qu’il connaît effectivement tout d’elle. Allant de surprise en surprise (tournant autour de rencontres de deux hommes qu’il n’a jamais vus), il demande l’aide à son meilleur ami et avocat associé pour “mener l’enquête”.

Patrick en pleine plaidoirie, l’esprit un peu trop occupé par les mystères de sa femme, un des bons moments de la pièce.
[photo de Fabienne Rappeneau]

L’ami avocat est interprété par Frédéric Bouraly, entrant en scène au son de la salle chuchotant “oh c’est José de Scènes de ménage” — c’est quand les gens s’émerveillent plus de voir José que Léodagan de Kaamelott qu’on se rend compte du goût douteux ambiant ! Ni bon ni mauvais acteur, il cabotine un peu beaucoup dans la peau de son nigaud de personnage.

Astier père ne fait pas vraiment dans l’originalité en restant dans le registre qu’on lui connaît avec son interprétation d’un Patrick colérique, mais il le fait évidemment d’excellente façon. Raphaëline Goupilleau est également convaincante, avec une intonation agréable et amusante. Les trois autres comédiens sont bien plus effacés, et s’en sortent plus (Julien Kirsche) ou moins bien (la fille de Jean-Luc Moreau).

 La scène au restaurant réunit l’ensemble du casting, l’occasion pour le décor et ses cubes d’être recouverts… de cloches.
[photo de Fabienne Rappeneau]

La mise en scène signée Jean-Luc Moreau s’en sort honorablement malgré le décor très réduit. Là où la pièce pêche un peu, c’est que sa durée frôle les deux heures, et que c’est long. Pas mal de coupes auraient été bien vu ça et là, d’autant que le texte devient bien moins inspiré dans la deuxième partie, avec même quelques traits d’humour dispensables.

Autre déconvenue : le dénouement. Il est prévisible et franchement décevant, alors qu’il aurait pu être prétexte à bien plus d’originalité et de drôlerie.

Une pièce avec un couple de têtes d’affiche convaincantes donc, accompagnées de trois seconds rôles et d’un petit rigolo pour attirer la ménagère qui ne regardait pas M6 avant 2009. L’ensemble occupe l’espace de belle façon dans un décor raté respirant l’économie, jouant un texte léger baissant cependant en qualité vers la fin et n’ayant malheureusement pas bénéficié de suffisamment de coupes. Sympathique mais pas indispensable selon moi.

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