Jeanfi décolle (de Jeanfi Janssens / mes. Flore Vialet / avec Jeanfi Janssens)

57_1_affiche

Jeanfi décolle
De Jeanfi Janssens
Mis en scène par Flore Vialet
Collaboration artistique avec Régis Truchy

Théâtre Chapiteau (au Théâtre de Beausobre), Morges, Suisse (dans le cadre du festival Morges-sous-Rire)
Produit
par Adone Productions (producteur, tourneur), Little Bros. Productions (producteur, tourneur), Chcut Discret (producteur), Morges Sous-Rire (organisateur)
Représentation du lundi 19 juin 2017 à 20h30
Placé en (placement libre)
Payé 28.00 CHF

57_2_jeanfiJeanfi Janssens, révélation humoristique de cette première partie de 2017
[photo de Raoul Pérez, via la page Facebook du festival]

En tant que fidèle auditeur des Grosses Têtes de Laurent Ruquier, j’ai comme tout le monde découvert il y a de cela quelques mois une nouvelle recrue en la personne de Jeanfi Janssens. Et quelle recrue ! Présenté comme un ancien steward se lançant dans une carrière d’humoriste, il a très vite montré son aisance, son sens de la répartie et son incroyable talent de conteur d’anecdotes. Il s’est aujourd’hui imposé comme un pilier de l’émission, étant le seul représentant de la jeune génération capable de rivaliser avec les saillies d’un Pierre Bénichou (ma référence absolue en matière d’humour) ou d’un Olivier de Kersauson.

Autant dire que j’étais très curieux de découvrir le spectacle de cette nouvelle star radiophonique. Je comptais sur Morges Sous-rire pour faire venir Jeanfi en Suisse, ce qu’ils ont fait, quelques semaines après l’annonce initiale du programme du festival, flairant probablement le bon coup. Et ils ont plus que bien flairé : prévu à l’origine dans le petit café-théâtre de Morges Sous-Rire, le spectacle a été déplacé dans le plus vaste chapiteau, pour répondre à la demande. Je suis d’ailleurs surpris de constater qu’autant de Suisses écoutent les Grosses Têtes.

Mais place au spectacle et à Jeanfi Janssens, qui rentre sur scène en uniforme de pilote d’Air France, avant de nous révéler les différents accessoires de démonstration indispensables à tout steward qui se respecte (gilet de sauvetage, ceinture de sécurité, etc.). Le show passera ensuite de sketch en sketch, sans véritable progression dramatique ou enchaînement logique, alternant entre récit autobiographique et anecdotes sur son passé d’employé Air France.

57_3_gilet-sauvetageL’ancien steward dans son élément !
[photo de Raoul Pérez, via la page Facebook du festival]

Parmi les passages les plus cultes de Jeanfi dans les Grosses Têtes figurent ses récits amoureux, qui font bien évidemment l’objet de toute une partie du spectacle, à savoir le début. Les répliques se suivent et font mouche à chaque fois : “ma sœur est routier, moi je suis hôtesse de l’air, y’a eu un échange”, “pour mes parents être hôtesse de l’air à couilles c’est comme si j’avais fait polyclinique ou l’ETNA”, “mon premier copain que j’ai ramené à la maison était un Allemand… qui ne parlait pas un mot de français et qui s’appelait Mustapha”. La maitrise parfaite du récit d’anecdotes par Janssens ajoutée aux personnages très vivants et à l’accent de l’humoriste certifié 100% ch’ti font que le tout fonctionne à la perfection. Je suis également fan de certaines de ses observations, dont celle sur sa mère (star du spectacle avec ses 130 kg) qui, comme beaucoup de gens, pense qu’en parlant français très fort à un étranger il comprendra forcément mieux !

Viennent ensuite tous les sketchs consacrés au métier de steward et aux souvenirs qui s’y rapportent, aux “poulet ou poisson ?” répétés sans discontinuer, aux hôtesses décérébrées ou alcooliques, aux passagers insupportables… et j’en passe. Dit comme ça, ça sonne un peu livre-recueil d’anecdotes à lire aux toilettes, mais non, loin de là, le tout est très bien ficelé. Tout spectateur regrettera évidemment de ne pas avoir eu la chance d’avoir Jeanfi Janssens en cabine, ce qui devait à coup sûr être un grand moment !

Autour du thème de l’avion, il reste encore dans le répertoire à sketchs de l’humoriste le récit d’une escale à Bangkok (un passage du spectacle qui ne serait pas renié par Bigard) ou, probablement le meilleur moment de l’heure et quart de rires, l’incroyable anecdote à rallonge du premier voyage en avion de sa désormais célèbre maman ! De rebondissement en rebondissement jusqu’à la chute finale, c’est un classique en devenir !

57_4_salleLe chapiteau de Morges Sous-rire bien rempli en ce premier soir du festival, la preuve de la notoriété montante de l’humoriste…
[photo de Raoul Pérez, via la page Facebook du festival]

J’oubliais presque un moment du spectacle un peu en dessous du reste, le récit des débuts télévisés de Jeanfi dans l’émission de Stéphane Plaza. C’était pourtant le seul sketch que je découvrais étant donné que – et ce sera un de mes reproches – toutes les autres anecdotes ont été racontées au micro des Grosses Têtes. Certes, on ne s’en lasse pas, mais c’est quand même un peu dommage d’aller voir un spectacle qui contient 80% d’histoires déjà connues…

En parlant de Stéphane Plaza, celui-ci était également programmé dans le cadre de Morges Sous-rire, au même moment, dans la salle voisine. Quand Jeanfi a commencé à raconter sa participation à son émission, je m’attendais évidemment à ce qu’il y fasse référence, mais non, rien, pas un mot. Il expliquera seulement à la fin du spectacle qu’il doit aller rejoindre Plaza dans la salle voisine pour un sketch en commun avant de pouvoir venir discuter avec le public sortant du chapiteau.

J’ai en fait eu l’impression (mais je me trompe peut-être) que le spectacle de Jeanfi ne compte pas une seule seconde d’impro et qu’il se contente de réciter ses anecdotes, ce qui est un peu dommage quand on connaît le sens de la répartie qu’il a à la radio. Du moment que je mentionne sa technique, un mot sur sa prononciation, qui n’est pas toujours excellente (je ne parle pas de son accent, mais de quelques fins de phrases qui sont parfois “mangées”).

57_5_jeanfiDifficile de faire plus parlant comme photo !
[photo de Raoul Pérez, via la page Facebook du festival]

Au final, j’ai passé un très bon moment devant ce spectacle. Jeanfi Janssens a ce grand talent d’irrésistible conteur d’anecdotes ; il n’a pas besoin d’inventer de vannes, il lui suffit de raconter ce qui lui est arrivé dans sa vie professionnelle ou familiale et c’est à mourir de rire ! Certes, il a encore du boulot du point de vue de la mise en scène, des enchaînements, de la prononciation et de plein de petits trucs techniques. Certes, en plus de déjà connaître une bonne partie des histoires du spectacle il m’est arrivé quelquefois de me dire que telle anecdote m’avait plus fait rire à la radio que sur scène. Certes, la prestation a un côté un peu trop mécanique, manquant d’improvisation, d’interactions avec le public et d’une certaine fluidité. Mais au fond, qu’importe, vu le niveau des anecdotes, l’humanisme des personnages et la sympathie dégagée par Jeanfi Janssens, ça reste un excellent spectacle d’un humoriste dont on va sans doute encore entendre parler durant un bon moment !

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