120 secondes présente la Suisse (de Vincent Kucholl, Vincent Veillon / mes. Denis Maillefer, Antonio Troilo / avec Vincent Kucholl, Vincent Veillon)

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120 secondes présente : la Suisse
De Vincent Kucholl, Vincent Veillon
Mis en scène par Denis Maillefer, Antonio Troilo
Avec Vincent Kucholl, Vincent Veillon

Vidéos par Vincent Veillon, 24pictures.ch, Julien Roserens, David Schaller, Jo Luisier, Ramon & Pedro

Théâtre Salle communale, Tavannes
Produit par Opus One (producteur, tourneur), Le Royal (organisateur)
Représentation du samedi 22 février 2014, 20h00
Placé en (placement libre)
Payé 0.00 CHF (membre du staff)

6_2_castingLes deux Vincent les plus célèbres de Suisse
[photo de Claude Dussex, via la page Facebook du spectacle]

Ah, 120 secondes… Si vous êtes Suisse, il est évidemment impossible que vous n’en n’ayez pas entendu parler. Si vous êtes Français, je vais être très gentil et expliquer vite fait le “phénomène 120 secondes”.

Vous prenez Couleur 3, une des quatre radios publiques de Suisse romande, à la programmation orientée musiques actuelles et au ton très (très) humoristique. Au commande de la matinale, vous mettez Vincent Veillon. Vous imaginez que ce dernier a la bonne idée de reprendre la chronique de son prédécesseur, 120 secondes, une fausse interview sur un sujet d’actualité. Vous vous représentez en face de Vincent Veillon un deuxième Vincent, Kucholl, avec un talent incroyable pour imiter les différents accents suisses. Vous mettez celui-ci chaque matin dans la peau d’un faux personnage faisant l’actualité (un membre de la direction d’une vraie entreprise, un SDF, un membre de parti politique, etc.).

Mais surtout, vous vous émerveillez devant l’idée de génie ; plutôt que de simplement délirer derrière un micro, les deux Vincent décident de se déguiser, de se filmer et de mettre la vidéo de la chronique en ligne. Nous sommes le 29 août 2011.

6_3_surchatCélébrité parmi les célébrités de la galerie de personnages de 120 secondes, Gilles Surchat
[photo tirée d’un épisode de 120 secondes]

En quelques semaines, la chronique, alors connue seulement par les auditeurs de Couleur 3, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Quelques mois plus tard, tout le monde connait les personnages phares de la chronique (ceux qui reviennerégulièrement), les vidéos font chaque jour des dizaines de milliers de vues en quelques heures et les Vincent deviennent de véritables stars…

Fin 2012, les deux compères de 120 secondes annoncent qu’ils déclineront leur chronique sur les planches ! Le succès est incroyable comme en témoigne l’agenda de la tournée (toujours en cours) et toutes les dates jouées à guichet fermés, en faisant probablement le spectacle suisse le plus vu de tous les temps ! Pour vous donner un petit exemple, les plus de 400 places en vente pour la représentation à Tavannes se sont écoulées en moins de dix minutes.

Mais la question est la suivante : est-ce que les deux vedettes des ondes et de YouTube sont autant doués sur les planches, en public, que dans leur studio lausannois de Couleur 3 ?

Et bien oui ! Déjà, l’idée de départ est bonne : Vincent Veillon est un conférencier qui vient nous expliquer ce qu’est la Suisse. Histoire, géographie, fonctionnement politique, culture, tout y passe à la façon d’une Keynote de Steve Jobs (c’est lui qui le dit et pas moi, même que j’aurais bien pu !).

6_4_conferenceVincent Veillon dans son rôle de conférencier
[photo de Claude Dussez, via la page Facebook du spectacle]

Vincent Veillon a convié quelques intervenants à sa conférence – vous l’aurez compris, des personnages de 120 secondes. Evidemment, rien ne se passe comme prévu, le conférencier se fait interrompe sans arrêt et l’exposé sérieux tourne très rapidement en un spectacle comique de très haute qualité.

Mais il n’y a pas que les interventions en chair et en os des protagonistes de 120 secondes qui font la joie des spectateurs, il y a aussi des films. Par exemple, pour introduire le lieutenant-colonel Karl-Heinz Inäbnit, un film de présentation digne des meilleurs superproductions de l’armée suisse (le tout filmé sur une place d’arme avec arrivée en hélicoptère !), ou pour accompagner l’entrée de Reto Zenhäusern, membre de la direction de Novartis, un reportage sur le lobbyisme dans les coursives du Palais fédéral et une séquence “bisous” avec tout le gratin de la politique suisse (!!!). Bref, il y a un travail énorme là-derrière, autant bien au niveau des idées que de la réalisation parfaite de A à Z.

Les “slides” de la présentation sont également enrichies de vidéos censées être éducatives, allant d’une hilarante présentation de la géographie suisse à grands renforts d’animations cartoonesques jusqu’à des extraits de clips de parodies d’artistes suisses, sans oublier une séquence sur les habitants préhistoriques de la Suisse.

6_5_armee_suisseVincent Kucholl dans la peau de lieutant-colonel Karl-Heinz Inäbnit lors du tournage du film de présentation de ce dernier
[photo sans crédit, via la page Facebook du spectacle]

Mais mon coup de coeur au niveau des contenus projetés sur l’écran sera la parodie tellement réaliste d’une présentation de l’armée suisse – il faut l’avoir vécu pour comprendre. Karl-Heinz Inäbnit arrivant avec sa clé USB et son Power Point du siècle passé, j’en ris encore…

Les deux Vincent sont excellent dans leur(s) rôle(s), drôles et toujours prêts à la déconnade et à l’improvisation, ce qui était bien nécessaire vu le public tavannois très en forme ce soir là, allant jusqu’à apporter des verres de vin aux acteurs sur scène ! Le fou-rire n’est jamais loin (les habitués des vidéos savent qu’il y en a eu plusieurs mémorables dans leur chronique !) et c’est communicatif.

Pendant les presque deux heures de spectacle le public a le temps de voir défiler tous ses personnages favoris, de l’agriculteur vaudois Ignacio Chollet au drogué lausannois Serge Jacquet (engagé comme technicien pour la conférence) en passant par le célèbre métaleux valaisan de “Black Lion Genocide” Stève Berclaz, le journaliste sportif pas tout seul dans sa tête Bernard Aesclimann ou encore le jeune rappeur Gaëtan Brunner.

6_6_berclazAvec Stève Berclaz, la “grosse colère” n’est jamais loin…
[photo de Claude Dussezvia la page Facebook du spectacle]

Seul regret dans ce génial défilé comique, le trop court moment passé par Gilles Surchat sur scène lui qui, habitant le village voisin de Reconvilier, a reçu une véritable ovation de la part de la salle tavannoise.

Que dire d’autre ? Que c’est à la fois drôle et intelligent, absurde et pertinent, amusant et très travaillé. Vraiment, je l’ai déjà dit, mais le soin apporté à la réalisation des contenus projetés est impressionnant.

Et avec 120 secondes, tout est autant travaillé, que ce soient la mise en scène, les imitations d’accents, la technique, les informations sérieuses qui sont tout à fait véridiques ou même le marchandising, d’une rare qualité pour un spectacle de ce type, comme en témoigne mon double-mètre “Berclaz Construction SA – Votre spécialiste en chalets et barrages” !

6_7_tavannesLa Salle communale de Tavannes est conquise à la fin du spectacle
[photo sans crédit, via la page Facebook du spectacle]

Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce spectacle de bout en bout et ne peut que vous le recommander ! Ca tombe bien, le spectacle est en tournée jusqu’à la fin de l’année et il y a encore quelques places pour certaines représentations (allez voir sur le site officiel).

Amis Français, sachez que, vu le succès helvétique, les deux Vincent ont décidé d’adapter leur spectacle pour le présenter à Paris, sous le titre “120 secondes présente la Suisse expliquée aux pauvre Français”. La bande annonce, vue 125’000 fois, me fait beaucoup rire. Une deuxième bande-annonce vient d’être mise en ligne, toujours autant drôle. Alors courez réserver vos places pour découvrir 120 secondes à l’Européen, c’est un ordre !

Vous ne connaissez pas la chronique ? Ca n’est pas forcément nécessaire, même que l’attachement aux personnages est certainement une des clés du succès du spectacle, je ne peux donc que vous conseiller d’aller découvrir ces grands malades en tapant “120 secondes” sur YouTube.

Voilà, je crois que tout est dit, il ne vous reste plus qu’une chose à faire : foncer voir ou revoir cette géniale conférence !

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