Shaka Ponk / Ina-Ich

19_1_affiche

Shaka Ponk
Chant par Frah, Samaha Sam
Guitare par Cyril “CC”
Basse par Mandris
Claviers, samples par Steve
Batterie par Ion

Première partie : Ina-Ich
Chant, claviers par Kim-Thuy Nguyen
Guitare, samples par Brad Thomas Ackley
Batterie par Aurélien Clair

Salle de concert Geneva Arena, Genève, Suisse
Produit par Zouave Spectacles (producteur, tourneur), The Agency Group (tourneur), Takk Productions (tourneur, organisateur), Soldout Productions (organisateur)
Concert du samedi 4 avril 2015 à 20h00
Placé en (placement libre)
Prix payé 0.00 CHF (concours FNAC)

19_2_shakaponkShaka Ponk sur scène
[photo de Christian Inderbitzin, via Daily Rock]

Shaka Ponk, ça faisait longtemps… Non je déconne, ça fait juste la cinquième fois que je les vois en moins d’une année et je dois approcher de mon dixième concert du groupe ! Et c’est même pas volontaire, mais il faut dire qu’ils passent absolument partout. Ils ont commencé leur tournée “The Pixel Ape Tour” par une visite des salles de jauges moyennes (celles appelées “club”), l’occasion de les voir passer par Lausanne. Habitant à quelques encablures, j’ai évidemment été y faire un tour. Ce fut un concert assez fou où les grilles de ventilation au sol de la vénérable Salle Métropole ont rendu l’âme, donnant la possibilité au public de voir ce que donne un concert avec un fossé au milieu de la fosse, si vous me permettez l’expression.

Suite à ça, le groupe a pris la route des festivals, s’affichant à peu près dans n’importe quel événement français, belge ou suisse ayant une scène digne de ce nom. Etant donné que je fréquente assez largement les festivals, je les ai évidemment croisés, à trois reprises même ; aux Eurockéennes en juillet (où je ne suis resté que quelques minutes), une semaine plus tard du côté de Musilac puis finalement en septembre au Chant du Gros. Autant dire que je commençais à avoir ma dose de cette tournée et que je n’aurais jamais payé 55.00 CHF pour les voir dans les murs de l’Arena genevoise, mais voyant passer un concours de la FNAC dans ma timeline Twitter, je retweete sans réfléchir… et quelques semaines plus tard la FNAC m’avertit que j’ai gagné deux billets !

19_3_arenaLa Geneva Arena au parterre et aux gradins (bien qu’ouverts en partie seulement) plutôt bien remplis…
[photo sans crédit, via le Twitter de l’artiste]

Le temps de trouver quelqu’un pour m’accompagner et me voilà à Genève, prêt à découvrir la première partie des monkeys. Une banderole en fond de scène annonce Ina-Ich, j’avoue ne pas avoir écouté la moindre note de leur travail, je me laisse donc surprendre…

Le groupe est constitué d’un batteur collé au rideau (il faut dire que, pour que le changement de scène soit rapide, le groupe a eu droit à quelques mètres de profondeur de scène seulement), d’une chanteuse plutôt charismatique qui nous proposera également trois notes de piano après un petit problème technique et d’un guitariste un peu particulier… Quand il entre sur scène, son instrument auquel est accroché un sampler me rappelle tout de suite le guitariste de -M- sur sa dernière tournée et son instrument étonnant (de mémoire quatre cordes de guitare, deux de basse, deux-trois samplers et un iPhone en prime, rien de plus normal). J’apprendrai en écrivant cet article que c’est effectivement lui, Brad Thomas Ackley, quelques cheveux en moins par-rapport à l’an passé.

J’apprend également qu’il a rejoint le groupe récemment, remplaçant un guitariste et un bassiste, et qu’il en a profité pour ré-arranger le répertoire du groupe. Eh ben quelle mauvaise idée… Non parce-que autant la chanteuse se débrouille parfaitement, autant de ce que j’ai distingué les paroles sont très bien écrites, autant le duo d’instruments batterie / guitare fonctionne, autant les samples qu’il balance c’est juste pas possible. Ca ressemble tour à tour à un réveil bas de gamme ou à un bruitage sorti d’une application de smartphone au rabais, et le tout envoyé à plein volume !

C’est bien dommage, parce-que cette idée de samples donne un vrai cachet au groupe, un petit mélange entre Shaka Ponk et Sidilarsen, mais il faut revoir immédiatement la qualité des sons en question et les doser de façon plus intelligente. Du coup, la demi-heure accordée à Ina-Ich pour ouvrir les hostilités m’a semblé bien suffisante.

19_4_shakaponkC’est l’heure de faire entrer Shaka Ponk dans l’arène…
[photo de Christian Inderbitzin, via Daily Rock]

Je passe à Shaka Ponk qui monte sur scène à 20h50. Sans surprise, c’est le même spectacle que celui déjà vu à trois reprises (quatre si je compte les quelques minutes aux Eurockéennes). Certes, je ne peux pas trop m’en plaindre, je n’avais qu’à pas aller les voir si souvent me direz-vous, d’autant qu’un groupe qui tourne une année avec la même set-list ça n’est pas si rare. Peut-être que vous avez raison, mais le groupe a quand même sorti deux albums en quelques mois (The White Pixel Ape en mars 2014 puis The Black Pixel Ape en novembre de la même année), ça devrait être possible de faire une petite rotation sur deux-trois chansons entre la tournée clubs, la tournée festivals et la tournée des grandes salles, non ?

Shaka Ponk se défend en disant qu’ils proposent un show dont la vidéo fait partie intégrante (ce qui est totalement vrai, j’y reviendrai), vidéos que les artistes conçoivent en grande partie eux-mêmes, ce qui prend un temps énorme les empêchant de tourner avec un set plus souple. Mouais, je ne suis pas convaincu… Et ce d’autant plus que cette déferlante de vidéos oblige le groupe à suivre un timing très précis, donnant au show un côté mécanique, sans la moindre spontanéité. A Lausanne avec un public en folie prêt à démolir la salle, à Musilac sous la pluie, à Genève devant une salle de quelques milliers de personne, aucune différence, le concert est le même quasiment à la seconde près…

En parlant du public, j’ai été surpris. Alors qu’à Lausanne et sur les festivals je croisais surtout des gens de mon âge (la vingtaine) et des plus jeunes venus avec leurs parents (Shaka Ponk peut remercier sa diffusion médiatique), l’Arena avait une moyenne d’âge plutôt comprise entre 30 et 40 ans à vue d’oeil. Un public heureux de voir un concert rempli d’énergie, un public communicatif mais un public qui ne bouge pas vraiment… Seul un groupe d’une centaine de fans un peu plus excités, regroupés d’un côté de la scène, m’aura permis de passer les dernières quarante-cinq minutes du concert dans une ambiance digne de l’énergie de Shaka Ponk. Et encore, par-rapport aux premiers concerts complètement fous du groupe auxquels j’ai assisté il y a quelques années (Chant du Gros 2011, Porrentruy 2012), c’était plutôt calme.

19_5_slamBon, OK, Frah aime toujours bien se jeter dans le public, mais par-rapport aux shows d’il y a deux ou trois ans, ça n’a plus rien à voir…
[photo de Christian Inderbitzin, via Daily Rock]

Mais le show en lui-même, que vaut-il ? Il faut l’avouer, c’est énorme… Un grand écran au centre, deux plus petits sur les côtés séparés du central par quelques lettres formant une partie du nom du groupe (complété par moment sur les écrans), ça peut paraître banal. Mais le travail sur les contenus projetés est colossal. Chaque chanson a son univers, ses personnages, ses délires. Frah et Samaha Sam interagissent même avec les images, une fois pour danser devant leur ombre stylisée, une autre fois pour apparaître avec des ailes d’ange puis se tirer dessus (sur Scarify, le clou du spectacle de ce point de vue là) ou encore pour faire pousser des tentacules au guitariste et au bassiste, debout au sommet des écrans. Oui, je sais, c’est ce genre d’effets qui conduisent au concert millimétré que je critiquais il y a quelques instants ! Il faudrait trouver un juste milieu…

L’éclairage est également impressionnant et original. Pas d’éclairage traditionnel en contre pour ne pas interférer avec la vidéo, que des effets à grande échelle (où l’on devine bien les moyens financiers de la tournée vu le matériel) pour servir l’image. Le détail est poussé si loin que les faisceaux des projecteurs allumés au-dessus de la scène sont représentés dans le décor de la vidéo. Une perfection technique aux détails vraiment admirables.

Le moment de la battle de batterie entre le superbe gorille sur l’écran et le batteur Ion derrière ses fûts est un autre exemple de la force de la mise en scène shaka-ponkesque. Vidéo, éclairage, musique, jeu d’acteurs (oui oui, le batteur prend la peine de regarder son adversaire virtuel dans les yeux), tout est combiné pour un résultat parfait.

19_6_ecranLa seule photo de ce soir là que j’aie trouvé où l’on aperçoit un tant soit peu les écrans, et ça ne rend pas du tout justice à la folie du show mis en place
[photo sans crédit, via le Twitter de l’artiste]

Avant de conclure, il me faut signaler un petit couac dans le show parfaitement huilé… En plus des lettres géantes, le décor est constitué de quelques cubes que les chanteurs utilisent de temps en temps pour monter dessus. Ce soir là, Frah va chercher un cube et le lance en direction du centre de la scène sans regarder ce qu’il fait. Et le cube en question vient s’écraser dans les jambes de sa collègue. Frah lui fait un petit signe d’excuse, monte sur son cube comme prévu, et Samaha Sam décide alors de se venger en envoyant un coup de pied dans le cube, un peu trop violent, faisant chuter Frah. Elle paraît terriblement gênée (et certainement inquiète pour la jambe du chanteur, rafistolée de toutes parts) et va l’aider à se relever en lui disant je-ne-sais-quoi. Ca paraît con, mais au milieu de ce spectacle minuté, ce petit moment naturel faisait du bien à voir !

Après ça, le concert se termine par les célèbres slams de Frah (avec quelques agents de sécurité répartis dans la fosse, preuve supplémentaire du changement d’attitude du groupe…), qui sautera la main en avant, atterrissant violemment sur la mienne, le micro entre les deux, de quoi passer une bonne fin de concert énergique !

La conclusion ? C’était mieux avant ! Le groupe a des chansons de plus en plus grand public (certains disent “commerciales”, mais c’est une expression de merde) et donc une setlist moins intéressante, il fait preuve d’une folie beaucoup plus calculée et présente un show millimétré… mais techniquement parfait et hyper impressionnant, de quoi ne pas s’ennuyer un instant, il faut le dire ! Malgré ça je regrette le temps du petit écran rond placé au milieu de la scène et surtout de la folie émanant de Let’s Bang, de Palabra Mi Amor, de French Touch Puta Madre, de Hombre Que Soy, etc. Bref, le temps où le public plus réduit de Shaka Ponk était une boule d’énergie folle bougeant du début à la fin du concert en hurlant “Puta Madre” !

Petite remarque sur les photos : je n’ai trouvé que celles du Twitter de Shaka Ponk (de qualité pourrie) et celles de Daily Rock (probablement prises depuis la fosse en tant que photographe accrédité, avec une obligation d’en prendre que sur les deux-trois premiers morceaux). Par conséquent je n’ai pas pu illustrer mon article comme je le voulais, en montrant ce qui fait le gros du show de Shaka Ponk actuellement, à savoir leurs écrans et leurs lumières.

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